Il ne s’agit pas seulement d’apprécier le goût des aliments pour associer nourriture et plaisir. Sophie Nicklaus estime qu’il existe trois dimensions en ce qui concerne le plaisir de manger (Marty et al., 2018) :
1. Le plaisir sensoriel :
En dehors de notre goût inné pour les aliments sucrés, nous apprenons ce qu’est le plaisir sensoriel à travers nos expériences alimentaires (Nicklaus 2016). Dès la naissance, les bébés peuvent goûter et sentir les saveurs et les arômes des aliments, une expérience que propose également le lait maternel, puisque les aliments consommés par la mère influent sur le goût de son lait, et donc sur les préférences de l’enfant (Schwartz et al 2017, Mennella 2001, Cooke et Flides 2011). À mesure que le bébé grandit, il apprend à gérer différentes textures. À 2 ans, et probablement avant, il est entièrement équipé pour apprécier tous les aspects de l’alimentation.
2. Le plaisir commensal :
En plus de la nourriture, le contexte du repas est également important (Marty et al 2018). Partager un repas sain avec ses parents, ses frères et sœurs, et ses amis peut aider l’enfant à apprécier les aliments sains, car cela lui permet d’apprendre en imitant. Dès l’âge d’un an, les enfants apprennent quels sont les aliments privilégiés par leur culture, en observant et en imitant les gens qui les entourent (Shutts et al 2013, Crowys et al 2015). Voir sa famille apprécier des aliments sains dans un environnement agréable et social renforce et détermine les choix alimentaires de l’enfant, qui se répercutent plus tard dans sa vie (Liberman et al 2016). Il a également été montré que le simple fait de parler de la nourriture que l’on mange, et de son goût, détermine de manière considérable à quel point l’enfant apprécie ses repas (Wiggins 2016).
3. Le plaisir cognitif :
La manière dont les enfants pensent aux aliments peut également être influencée par des processus cognitifs (pensées, images, idées). Certains signaux cognitifs permettent d’apporter une « valeur ajoutée » aux aliments, ce que de nombreuses publicités exploitent pour vendre des aliments, souvent défavorables à la santé. Pour autant, la publicité peut également être utilisée pour promouvoir une alimentation saine, et il est possible de développer une attitude positive vis-à-vis de la nourriture, pendant l’enfance. C’est pourquoi les enfants peuvent apprécier des aliments sains autant pour leur valeur cognitive que pour leur valeur nutritionnelle (Fernqvist et al 2014).